Plus jeune concessionnaire Renault de France, Jean Rédélé engage sa première Renault 4CV en 1950 lors du Rallye de Dieppe. Cinq ans plus tard, le Normand fonde la Société des Automobiles Alpine et produit ses premiers modèles de série. Pour accompagner le développement de la Marque, il choisit de miser sur la compétition. En rallye, en monoplace et en endurance, Jean Rédélé multiplie les succès… Au Mans, cette conquête s’est faite en deux étapes : la période « bleue » entre 1963 et 1969 et la période « jaune » entre 1973 et 1978.
En 1962, Jean Rédélé lance le développement d’une voiture pour disputer les 24 Heures du Mans. Trois Alpine M63 sont alignées au départ de l’édition 1963. Si aucune n’atteint l’arrivée, les performances de ces prototypes – propulsés par un petit moteur de 996 cm3 passé entre les mains d’Amédée Gordini – sont remarquées. L’aventure commence…
La stratégie est établie. Les Alpine s’inscrivent dans une logique de frugalité ingénieuse. Misant sur la finesse de sa carrosserie et la cylindrée réduite de ses mécaniques, Alpine vise en particulier les « Indice de Rendement Energétique » et « Indice de Performance ».
Dans ces catégories, les distinctions se multiplient au Mans. Sur les autres circuits, les victoires de classe sont légion et une première victoire scratch est signée par Mauro et Lucien Bianchi aux 500 kilomètres du Nurburgring en 1965 avec la M65.
L’arrivée de l’Alpine A210 marque un tournant. En apparence proche de la M65, ce modèle finit par convaincre Renault d’investir dans le développement d’un moteur V8 de 3 litres de cylindrées pour viser la victoire dans la Sarthe… Si les premières tentatives des ‘grosses’ A211 et A220 ne sont pas couronnées de succès, le projet se développe.
En 1973, Renault prend le contrôle d’Alpine. C’est sous l’appellation «Renault Alpine » que l’A440 est présentée. Le nouveau programme d’endurance est établi en deux étapes. Alpine doit gagner le nouveau Championnat d’Europe des Sport-Prototypes 2 litres avant de développer une voiture capable de s’imposer au Mans.
La Renault Alpine A440 s’affine et devient A441. Elle collectionne les victoires et s’adjuge le titre européen dès 1974. Un nouveau moteur turbo de 1 996 cm3 développant 490 chevaux est installé dans le châssis désormais baptisé A442.
Après la création de l’entité Renault Sport, de gros moyens sont engagés pour participer au Championnat du Monde des Marques en 1976. Les premières sorties sont laborieuses, mais l’unique A442 engagée aux 24 Heures du Mans signe la pole position. En course, c’est l’abandon avant la mi-course.
Misant sur l’expérience acquise, Renault Sport décide de se concentrer exclusivement sur l’épreuve mancelle dès 1977. Après une nouvelle pole position, aucune des trois Renault Alpine A442 n’atteint l’arrivée. Le succès survient enfin en 1978. Quatre voitures sont alignées et l’Alpine A442B pilotée par le vétéran Jean-Pierre Jaussaud (41 ans) et le jeune Didier Pironi (26 ans) s’impose ! C’était le 11 juin 1978, il y a un peu plus de 35 ans.
Trente-cinq ans plus tard, Alpine revient à la compétition pour accompagner la renaissance de la Marque. Misant une nouvelle fois sur la frugalité ingénieuse chère à Jean Rédélé, la nouvelle Alpine A450 s’illustre avec deux titres consécutifs en European Le Mans Series, un podium LM P2 aux 24 Heures du Mans 2014 (7e du classement général) et l’obtention du Prix ESCRA de la meilleure assistance technique lors de l’édition 2013.
Son nom évoque l’héritage des A441, A442 et A443 qui ont couru – et gagné avec l’A442B – au Mans durant les années 70. Evolution de l’Alpine A450 engagée en 2013, elle affiche son patrimoine avec le «50» symbolisant le cinquantième anniversaire de la première participation d’une Alpine officielle aux 24 Heures du Mans.

during the 2015 Le Mans 24 hours test day, on May 31st 2015, at Le Mans circuit, France. Photo Clement Marin / DPPI
Dans la lignée directe des Alpine de la période bleue, l’Alpine A450b alignée sur la ligne de départ ce samedi 13 juin des 24 heures du Mans 2015 n’a pas pour vocation de se battre pour la victoire au classement général de l’épreuve.
A l’occasion de cette épreuve mythique, les nostalgiques de la fameuse voiture sportive des années soixante-dix «L’Alpine» se réjouissent surtout de l’annonce faite ces derniers jours par le PDG de Renault, Carlos Ghosn, qui a donné son feu vert définitif à la renaissance de la célèbre marque après 20 ans de sommeil avec la sortie prochaine d’un nouveau modèle « grand public ». Le constructeur français serait prêt à investir plus de 600 millions d’euros pour relancer la «barquette de compétition» dont un prototype préfigurant le modèle de série pourrait faire son apparition en marge de ces 24 heures du Mans 2015.
Les futurs acheteurs devront cependant patienter car la prochaine Alpine de série ne devrait être présentée sous sa forme définitive qu’en 2016 et commercialisée l’année suivante. Et pour acquérir ce petit bijou il faudra débourser «entre 30 000 et 35 000 euros» !
Photos Signatech-Alpine