«En 2013, Peter Auto lança l’idée de créer une série de courses ouvertes aux autos de Tourismes ayant fait la légende du championnat d’Europe des grandes années, soit de 1966 a 1984. Ce fut la première course Touring durant Spa Classic en 2013. Nous étions enthousiasmés par cette nouvelle série dans laquelle s’affronteraient des autos mythiques qui ont berces notre enfance de passionnés de course automobile. A l’époque nous engagions la BMW 3.0 CSL d’un ami et décidions pour la mythique course de Spa, de donner un nom à notre modeste équipe : French Speed Connection. Après des résultats encourageants, et malgré un abandon sur panne d’essence dans le dernier tour (!!!), nous apprenions quelques semaines plus tard que le coup d’essai de Spa allait donner lieu a un championnat en 2014…» explique Eric Broutin, propriétaire et pilote d’une Camaro V8 Race.
Le Heritage Touring Cup proposait pour sa première édition, trois courses sur des circuits majeurs ayant déjà reçu des courses de Tourisme de 1966 a 1984 : Spa, Dijon et le Paul Ricard.
«Nous étions bien décidés a participer a ce nouveau championnat mais étions dans l’obligation de trouver une auto, la BMW CSL de notre ami n’étant plus disponible. Nous voulions une auto originale, puissante, et esthétiquement intéressante. Après quelques hésitations, nous avons eu l’opportunité d’acquérir une Chevrolet Camaro 1967 préparée Trans-Am. Le choix de cette auto nous a semblé intéressant parce qu’a la grande époque du tourisme, et notamment aux 24 heures de Spa, il y avait toujours plusieurs Camaro engagées. Celle-ci réalisaient d’ailleurs souvent la pole position mais ne terminaient que très rarement aux avant postes, faute a une fiabilité mise a rude épreuve. Autre fait intéressant, les Camaro européennes couraient en catégorie groupe 2, mais durant nos recherches nous avions remarque que les pilotes de l’époque importaient souvent des Camaro des USA, qui couraient en catégorie Trans-Am. Or la catégorie Trans-Am était basée sur un règlement FIA groupe 2 facilitant l’utilisation de ces autos en Europe…» soulignent Eric Broutin et son copilote Benjamin Defortis.
«Notre» Camaro a un historique intéressant, puisqu’elle fut achetée neuve en 1967 par son premier propriétaire dans le but de la préparer aux spécifications Trans-Am. Les travaux débutèrent fin 1967, mais le propriétaire tomba malade et ne pu mener a bien son projet. L’auto fut rachetée par le deuxième propriétaire en 1971, non achevée. La préparation fut terminée en se basant sur les documents publies par Chevrolet, et permettant aux équipes privées de préparer leurs autos comme l’équipe semi-officielle de Roger Penske, plusieurs fois vainqueur du championnat Trans-Am. Elle fut ensuite engagée en SCCA A/Sedan (la deuxième catégorie de la Trans-Am réservée aux amateurs) a partir de 1972. Ce qui est incroyable c’est que l’auto n’a jamais cessé de courir jusqu’en 2006. De 1972 à 1979, ce fut le championnat A/Sedan, puis le championnat SCCA GT1 de 1980 à 1986, puis divers championnat historique de 1986 a 2006 (SVRA, …).
Cette Camaro conserve aujourd’hui ses spécifications 1972, avec un moteur V8 Chevrolet de 302ci (5 litres) associé à une boite manuelle 4 rapport Muncie M22 «rock crusher» et ses freins Delco Moraine hérités de la Corvette. Elle profite de quelques améliorations autorisées par le règlement Trans-Am a partir de 1971 comme le carter sec ou un radiateur aluminium. Elle est une des rares Camaro a être enregistrée dans le Historic Trans-Am Registry américain qui recense les authentiques voitures préparées pour la Trans-Am. Elle est également certifiée par la SVRA comme une authentique voiture de course historique. Les différents propriétaires successifs ont eu l’excellente idée de conserver tous les log books de la voiture, recensant les différentes courses auxquelles elle a participé depuis 1972.
La saison 2014 débuta plutôt mal à Spa, circuit mythique que nous nous réjouissions de redécouvrir avec notre Camaro. En effet, pour un problème de sécurité lié a l’emplacement de la bâche a huile, la Camaro ne fut pas autorisée a prendre le départ. Grosse déception sur le moment, mais l’envie de rouler à Dijon quelques semaines plus tard l’emporta sur tout le reste. Les travaux furent donc réalisés, et la voiture fut acceptée au contrôle technique de la course de Dijon.
«Pour notre grande première dans le championnat Heritage Touring Cup, les premiers essais libres furent plus que satisfaisants, puisque nous réalisons le 10e temps. Le freinage est le point faible de l’auto et la grande ligne droite du circuit de Dijon, si elle nous avantage en accélération et vitesse de pointe, nous pénalise par le gros freinage qui suit pour la courbe de Villeroy. Durant les qualifications, nous hissons la Camaro en 8e position, devancés uniquement par des autos plus modernes comme les BMW CSL et 635 ou une Rover TWR» souligne Eric Broutin. «En course, nous passons une BMW 635 au départ, et entamons la course a une inespérée 7e place. Malheureusement, une panne électrique nous immobilise des le deuxième tour. Notre mécanicien trouve la panne, un banal relai qui s’est débranché a cause des vibrations, mais nous perdons vingt minutes et terminons 10e et dernier classé. Avoir fini la course est déjà une grande satisfaction, et cette première course nous a permis d’entrevoir le potentiel intéressant de la Camaro. La voiture n’est pas une bête sauvage et se comporte plutôt sainement, mais le freinage est moyen et la puissance généreuse incite a ré-accélérer prudemment en sortie de courbe serrée».
Au Paul Ricard, dernière course de la saison, le duo Broutin/Defortis espère que ce circuit rapide leur permettra de bien figurer. Des les essais libres, ils réalisent un superbe 7e temps dans la même seconde qu’une pourtant réputée très rapide BMW CSL.
«En qualifications, nous réitérons et nous plaçons 7e à moins d’une seconde du 5e. L’auto est un régal dans la ligne droite des stands, et nous tentons de bien nous comporter dans les nombreuses courbes techniques comme le double droit du Beausset. Au départ, notre puissante Camaro nous permet de passer trois concurrents, même si l’un d’entre eux nous repasse dans le S de Verrière. Nous allons tenir une position inespérée durant toute la course, et terminons à une 6e place que nous n’imaginions pas. Cerise sur le gâteau, nous sommes deuxième à l’indice de performance et montons sur le podium pour notre deuxième course !».
«Nous entamons maintenant les traditionnels travaux hivernaux pour être fins prêts pour la saison 2015. Il se murmure que le Heritage Touring Cup rencontre un franc succès et que 4 ou 5 courses seront au programme…» concluent les deux compères.
Une belle aventure humaine, sportive et technologique à laquelle a contribué l’équipe de Jemclub 92 puisque c’est dans son atelier d’Antony (Hauts-de-Seine) que se sont déroulées les opérations de reconditionnement du moteur de cette Camaro V8 Race.
Initialement conçu pour courir sur les circuits américains, le moteur répondait aux normes du carburant utilisé outre Atlantique et présentant un plus haut taux d’octane qu’en Europe.
Pour permettre au véhicule et à son équipage de s’aligner au départ des compétitions européennes, l’équipe de Jemclub 92 a donc procéder à un reconditionnement du moteur afin de pouvoir utilisé du carburant sans plomb 98 !
Un long processus technique qui a conduit à l’usinage du cylindre piston, au réajustage et au rééquilibrage des ensembles mobiles puis au remontage du moteur et aux nombreux réglages de finition.
Parallèlement, Cédric Bard, le «sorcier mécanique» de Jemclub 92 et son équipe ont procédé à la réalisation d’une ligne d’échappement sur mesure, réalisation homologuée par la FIA.
A l’issue du remontage complet de cette Camaro V8 Race et des ultimes mises au point, l’aventure sportive pouvait commencer…